LASTLY [I&O]

Une soirée comme les autres. Une drogue éternelle coulant dans ses veines, détruisant son cerveau, le privant de ses capacités physiques. Oscar était avachi sur ce banc depuis deux heures du matin. Il n'arrivait plus à marcher. Le mélange drogue et alcool le sonnait, et il ne discernait que des ombres autour de lui. Il resta immobile toute la journée, sous le regard des personnes défilant dans le parc. Débraillé, foutrement comateux, il n'arriva qu'à se réveiller lorsque le jour se transformait en nuit, lorsque l'air se rafraichissait. Dès l'instant où il fut réveillé, il ressentit les effets secondaires. Il se leva, et alla vomir dans les buissons. [..]
Fouillant dans ses poches, il alla acheter un hot-dog. On lui disait qu'il foutait sa vie en l'air, qu'il allait mourir d'une overdose, qu'il était totalement inconscient. Oscar n'était pas le genre d'homme à écouter les autres parler. Personne n'avait enduré ce qu'il avait enduré. Personne n'était à sa place lorsqu'il fut maltraité par ses parents, traiter comme un pauvre chien. On ne lui avait jamais appris à se respecter, à avoir confiance en soi. Il n'avait aucun diplôme, aucun boulot et encore moins de petites amies. Qui voudrait d'un mec dépressif, drogué à longueur de journée, et surtout aigri par toutes ses années de drogues dures. Il se faisait souvent tabassé, n'allait jamais se faire soigner. On le prédisait mort dans huit à dix ans. Et il s'en foutait complétement.
Le ventre presque plein, il s'endormit à nouveau, pensant à sa prochaine pilule d'ecsta qu'il avalera plus tard dans la soirée. Il ne savait pas qu'une personne qu'il connaissait, s'arrêterait pour lui venir en aide. Il n'avait besoin de l'aide de personne, quoique.

La nuit était belle, douce, calme et Oscar dormait paisiblement. Jusqu'à ça. « Ça va pas la tête ? C’est ta nouvelle activité nocturne de jouer les morts dans les parcs de la ville ? » Secoué jusqu'au dernier de ses cheveux, Oscar bougonna malgré lui et s'énerva d'un seul coup. C'était bien son genre de piquer une crise au réveil. « C'est toi qui vas pas bien de réveiller les gens comme ça ! Je fais ce que je veux merde ! Si j'ai envie de crever là, je crève ! » Et puis, il s'aperçut que l'objet de son réveil était la belle Ida. Oh Ida. Il fantasmait sur elle gentiment. Ils avaient une relation plutôt singulière. Le nombre de fois où Oscar revenait de son bad trip, des cernes jusqu'au nombril, pour prendre un café au Norden, et ensuite chatouiller la belle. Ils s'engueulaient souvent pour rien. Comme la fois où il s'était fait tabassé, et qu'elle l'avait remarqué. Elle l'avait engueulée, il était parti sans rien dire. C'était du Oscar tout craché.
Ne pas s'attacher à elle, tout cela était pour son bien. Il la trouvait bien trop belle pour lui, le drogué de bas étage. A cet instant, alors qu'elle le dévisageait et qu'il allait sûrement s'en prendre plein la gueule pour lui avoir répondu comme ça, il fit une trêve, montrant ses mains vierges à la jeune femme. « Oh, et puis, j'ai pas envie de m'engueuler. J'ai mal au crâne. » Il lui adressa un léger sourire fébrile, puis s'ébouriffa les cheveux pensant réussir à se réveiller comme ça. Oscar se tourna, prit sa bouteille de bière qui trônait derrière le banc, et sortit de sa poche une petite pilule magique. Il sentait déjà le manque qui montait le long de sa colonne, lui donnant des sueurs désagréables. Au moment où il prit l'ecstasy dans sa main et qu'il allait le mettre à sa bouche, Ida se jeta sur lui pour lui foutre une baffe. Celui-ci voltigea dans les plantes du parc. Oscar la regarda avec des yeux ronds, et se leva furieux. « Mais t'as un problème psychologique ma parole ?! » Il essaya de le retrouver, puis se résigna au bout de quelques minutes.