STELLAN • a promise [ENDED]

Rien à première vue. C’est une ville de tout ce qui a de plus charmant, mais franchement ce n’est pas pour ça que je suis venu ici. A ce qu’on raconte c’est une ville très écologique, merde ma couleur préférée c’est le rouge, comment je vais faire s’ils sont verts ? J’aurais qu’à me prendre pour Hulk. Copenhague…Quand je suis arrivé ici, j’ai pas trop compris pourquoi j’avais choisi cet endroit. Peut-être parce que je me voyais déjà faire des bonshommes de neige et des batailles de boules de neige, ou venir travailler en snowboard ? Cliché tout ça, mais tellement amusant. Tout grand enfant en rêverait. Moi Copenhague, elle m’inspire l’amusement car il fallait que j’aille dans un endroit pour vivre mes années d’enfance qu’on m’avait arraché, tout ça pour rentrer dans un moule. Ca aurait pu être une autre ville, mais j’ai tapé ici, et je ne le regrette pas, car les gens sont tout à fait enclin à vous laisser vivre comme vous l’entendez, sauf si vous ne respectez pas la communauté écolo…

Un truc que je ne partage absolument pas. C’est malheureux à dire, mais je suis un fou de jeux vidéo, et donc ma consommation en électricité est très élevée. De plus j’aime les courses de voitures, et même les voitures tunées donc il est évident que je ne respecte pas trop la nature, mais pour ma défense je dirais que l’homme n’aurait jamais du faire autant de progrès s’il voulait tant protéger la planète. Ce qu’il n’a pas fait, et l’avancée technologique est faite pour être testée. En revanche, je ne suis pas de ceux qui jettent des déchets par terre et compagnie, je suis quelqu’un de civilisé, j’ai mes défauts, mais je respecte tout de même un minimum les règles. Et en ce qui concernent les habitants ils n’ont pas vraiment à savoir si j’ai l’esprit écolo ou pas, l’essentiel c’est de ne pas les déranger. Si j’achète des ampoules économiques c’est pas pour protéger la planète c’est juste par souci de bénéfice…Mais si ça aide, alors tant mieux.

Le café Norden représente beaucoup de choses pour beaucoup de gens. Ca fait beaucoup de beaucoup. Pour moi, il a été mon lieu de refuge, mon échappatoire. Quitter mon Ecosse natale a été quelque chose de difficile. Il y a des jours où l’on doit prendre des décisions car la vie devient tout bonnement invivable. Et c’est ici que j’ai trouvé refuge, dans ce café. On se sent au cœur d’une vraie famille, et pourtant je suis loin de parler le danois à merveille, loin d’être le parfait habitant de Copenhague. Les clients le disent, vous changez complètement de point de vue une fois que vous avez mis les pieds ici. Si je devais résumer, je dirais qu’il représente la vie sociale à plein temps. Le bon sans le mauvais. J’ai pas dit sentir attention. Je parle pas de chaussettes. C’est aussi mon lieu de travail, et je fais des heures supplémentaires car sinon je finis par m’ennuyer dans mon petit trou à rat, qui me sert d’appartement. On a beau dire le travail c’est chiant, moi ça me plait, surtout quand on se rend compte à quel point le blé – le fric, le flouze, l’oseille…comme vous voulez – est important pour un étranger qui ne peut ni compter sur papa l’égoïste, ni sur maman l’abonnée absente pour l’aider à arrondir ses fins de mois. Une fin de mois, ou la fin de moi ? Pour l’instant les fins de mois sont suffisantes pour éviter ma propre fin.

« Concentres toi, t’es mou Stellan ! »
« Papa, ça fait quatre heures qu’on joue, j’en peux plus, c’est bon on fait une pause…. »

Cette phrase avait été de trop. Comment avait-il pu dire qu’il était fatigué, alors que son père se sacrifiait pour lui ? Il avait jeté la raquette par terre, son père l’effrayait quand il se comportait de la sorte, et pourtant il n’était plus un enfant. Il piquait une colère, tandis que Stellan le regardait apeuré, prêt à s’enfuir. Il continuait sous le coup de la colère, il s’était rapproché trop près de son fils, qui malgré son mètre quatre-vingt dix, se sentait tout petit face à son père qui lui ne dépassait pas les 1,75m.

« Tu me fais honte fils ! C’est pour toi que je fais ça, pour que tu puisses devenir un grand joueur, t’as le potentiel, et tu râles, tu me fais passer pour un rigolo avec tes caprices, c’est quoi ton problème ! Comment tu oses dire que tu es fatigué alors que moi-même je ne le suis pas ! »
« Mais ce sont tes rêves pas les miens ! J’en ai marre ! Tu m’étouffes, j’ai 18 ans, je peux pas aller m’amuser avec mes amis, je peux pas manger ce que je veux, je mange que des pâtes, même à la cantine on se foutait de moi ! T’es envahissant, arrêtes de vivre à travers moi ! »

Une nouvelle phrase de trop, qui eut pour effet de le faire tomber à terre. Son père l’avait frappé. Ne réalisant pas tout de suite ce qui venait de se passait, Stellan se tenait la joue, et son père ne semblait même pas avoir de remords, ajoutant même :

« Tu l’as mérité. »

Se relevant, Stellan s’approcha de son père, et une fois proche de son oreille, il lui dit : « Je te hais. » et en partant il prit soin de mettre un violent coup d’épaule à son père. Ce fut la dernière fois qu’il le vit. Il avait décidé de mettre fin à son calvaire. Tout juste âgé de 18 ans, il quitta le domaine familial, sans rien d'autre que lui et des vêtements.